Radio-Canada erre dans la diffusion d'un film militant pro-Palestinien

31 Octobre 2008

 
Cher abonné d’HonestReporting Canada,

Le 23 Octobre, Radio-Canada diffusait à son émission documentaire « Les grands reportages » le film « Paix, propagande et terre promise », un plaidoyer pro-Palestinien. En diffusant ce film qui abonde en fausses prémisses, en omissions graves et en allégations malveillantes qui sont sans fondement, le réseau a non seulement mal informé les Canadiens au sujet de la politique et de l'histoire du Proche-Orient, il a également violé ses propres normes et pratiques journalistiques en diffusant une polémique partisane s'acharnant à condamner un allié démocratique, l'État d'Israël.

En présentant le film, l’animateur de Radio-Canada Simon Durivage pose des questions rhétoriques et émet des opinions qui font écho à la thèse anti-Israël du film. Pour visionner le reportage en ligne, veuillez cliquer sur l'image ci-dessous.

Durivage: « Paix, propagande et terre promise. Les médias américains ne voient-ils dans la colonisation israélienne des territoires occupés qu’un geste de défense?... Selon des experts du Proche-Orient, depuis quarante ans, la politique de colonisation de l’état hébreu s’est accentuée à l’intérieur des territoires palestiniens occupés. Conséquence : la violence est quotidienne tant du côté palestinien qu’israélien. Alors, quel message véhiculent les médias américains sur cet interminable conflit? Déforment-ils le jugement de nos voisins du Sud? »

Ironie du sort, c'est Radio-Canada et Durivage qui ont faussé le jugement des téléspectateurs canadiens en présentant le version arabe du conflit au Proche-Orient comme un fait, en blâmant la violence exclusivement sur les colonies israéliennes et en ignorant toutes les autres causes possibles du conflit.

Le film, produit en 2003/4 par la « Media Education Foundation » (groupe partisan dont le mandat est de « Répondre au défi posé à la démocratie par la menace corporative radicale qui ne cesse de croître» et dont les conseillers incluent des gens tels que les militants anti-Israël notoires Noam Chomsky et Naomi Klein), prétend démontrer « la manière dont les intérêts de politique étrangère des élites politiques américaines – travaillant de concert avec des stratèges de relations publiques israéliennes - exercent une puissante influence sur les nouvelles du conflit au Proche-Orient. »

Pour consulter le « documentaire » dans son intégralité (80 minutes), veuillez cliquez ici ou sur l'image ci-dessous. (Note: Radio-Canada a diffusé une version du film modifiée et plus condensée d’une heure.)

 

Le New York Times a constaté dans une critique du film que « le documentaire pro-palestinien tente de poursuivre Israël devant le tribunal de l'opinion publique américaine », tout en notant que le « documentaire ne tient pas compte des dirigeants palestiniens, qui ont certainement joué un rôle dans les vœux brisés et les cœurs brisés du conflit. Et un tel manque de neutralité affaiblit l’argument audacieux et détaillé de ce film partisan ».

De même, une savante analyse du film par Yitzhak Santis, le directeur des affaires du Moyen-Orient pour la « Jewish Community Relations Council », en 2004 a noté que le film abonde en « décontextualisations, désinformation, emphase sélective et purs mensonges, manque d’équilibre dans les perspectives, manque de citations et de documentation pour appuyer les affirmations, omission de faits et argumentations factices. » Pour lire le rapport complet en ligne, veuillez cliquez ici.

Parmi ses nombreux défauts, le film cite des militants anti-Israël radicaux et les présente comme s’ils étaient des commentateurs objectifs du conflit, il montre une série de reportages hors contexte et sans explications et fait des déclarations au sujet de tentatives israéliennes/juives de contrôle des médias qui sont sans fondement et sans mérite. Le film ne tient quasiment pas compte du terrorisme contre des civils israéliens et de l’intimidation bien connue de la presse par les Palestiniens.  

Le rapport de Santis conclut en notant « Il devrait incomber aux stations de télévision publiques qui détiennent la confiance de leurs téléspectateurs de promouvoir « l’intégrité du produit » en informant le public que ce n'est pas une étude objective de la couverture médiatique de ce conflit, mais un plaidoyer avec un agenda politique. »

Dans ses crédits, le film offre des  « remerciements particuliers » à des organismes pro-palestiniens comme: Electronic Intifadah, Al Awda, International Solidarity Movement, et le Arab American Anti-Discrimination Committee. Le film a également été dédié à la mémoire du célèbre militant pro-palestinien Edward Said.

Au strict minimum, Radio-Canada aurait dû vérifier l’émission par rapport aux lignes directrices de l’organisme sur les « Documentaires d’opinion au sens de documentaires engagés ». Selon les lignes directrices des normes et pratiques journalistiques de Radio-Canada :

« …il faudra veiller le plus possible à préserver l'intégrité et l'impartialité de Radio-Canada dans sa programmation d'information, ainsi que son indépendance envers les groupes d'intérêt... Avant d'envisager de diffuser des documentaires d'opinion, Radio-Canada doit assurer l'équité et l'équilibre par d'autres moyens. Elle devrait aussi veiller à ce que des groupes d'intérêt politiques ou économiques, ou encore des groupes de pression, ne cherchent à faire valoir leurs opinions par le biais de ce genre de production. »

Radio-Canada demande à ses propres programmeurs d'appliquer divers tests pour décider de la diffusion ou non d’un documentaire. Elle prie les programmeurs de veiller à ce qui suit : « La production devrait être, de l'avis de Radio-Canada, d'une qualité exceptionnelle et particulièrement pertinente » ,  « le film devrait être clairement identifié au début et à la fin comme étant un documentaire d'auteur » , « Radio-Canada doit s'assurer que l'œuvre est financée par une source indépendante de tout groupe qui pourrait avoir un intérêt direct dans la question » , « Les faits devraient être exacts même s'il s'agit d'une œuvre d'opinion, et les arguments devraient être conformes aux faits...et (Radio-Canada) doit s'assurer que les arguments ne reposent pas sur de fausses preuves » et que « la diffusion d'une production nettement engagée oblige Radio-Canada à présenter d'une manière appropriée d'autres points de vue pertinents ».

En utilisant les lignes directrices propres au diffuseur national, le film ne peut pas être défini comme étant d'une « qualité exceptionnelle » compte tenu de ses nombreuses erreurs et fausses déclarations et de son caractère partisan de plaidoyer à des fins de propagande pro-palestinienne. Finalement, étant donné que Radio-Canada n'a pas fourni d'autres perspectives, le réseau n'a pas réussi à « présenter d'une manière appropriée d'autres points de vue pertinents » comme contrepoids.

Radio-Canada a abdiqué sa responsabilité quant à son obligation de diligence raisonnable et de contrôle de la qualité, ce qui aurait fait en sorte d’éviter la diffusion de ce film en premier lieu. Bien que nous ne soutenions pas les actions de censure dans les médias, du fait que ce film n'ait pas été à la hauteur des propres standards de Radio-Canada en matière de documentaires, il incombe au réseau de réparer son erreur de jugement dans la diffusion de ce film pro-palestinien de très mauvaise qualité.
 
Comment vous pouvez faire une différence

Dites à Radio-Canada que sa diffusion de « Paix, propagande et terre promise » du 23 octobre à l’émission « Les grands reportages » a omis d'informer ses téléspectateurs que ce documentaire n'est pas une étude objective de la couverture médiatique du conflit israélo-arabe, mais bien un outil de plaidoyer pro-Palestinien avec un agenda politique, qu’il est bourré d’erreurs et d’omissions et qu’il a gravement induit les Canadiens en erreur.

Demandez à Radio-Canada de s’excuser, de procéder à un examen formel et de mettre en œuvre des protocoles de contrôle de la qualité plus stricts pour s'assurer que cette situation ne se reproduise plus. Veuillez envoyer vos courriels polis et rationnels à l’ombudsman de Radio-Canada : Julie Miville-Dechêne ombudsman@radio-canada.ca ou appelez (514) 597-4757 pour faire connaître vos préoccupations.

 

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